Guérison extraordinaire au delà des certitudes médicales

Un non-voyant qui lit à nouveau l’heure sur sa montre, un tétraplégique qui se remet à marcher… Les guérisons extraordinaires fascinent et questionnent les fondements de la maladie et du lien entre corps et esprit. Porteuses d’espoir, elles chamboulent nos croyances sur le possible et l’impossible en matière de santé et nous invitent à réconcilier la médecine moderne avec l’esprit et l’inexpliqué. Guérir de manière extraordinaire, c’est voir sa maladie disparaître, totalement ou partiellement, sans traitement médical ou alors qu’elle est habituellement irréversible ou incurable. Mais qu’ont en commun ces patients qui déjouent tous les pronostics ? Peut-on en tirer des leçons sur notre façon de soigner ou, en tant que patients, d’agir face à la maladie ?

Entre 1864 et 1992, 1 574 cas de guérisons inexpliquées (de malades ne prenant pas de traitements) ont été recensés dans le monde.

70 % de ces cas concernent des cancers, 30 % d’autres maladies. Soit une guérison miraculeuse pour 300 000 malades, toutes pathologies confondues ; une pour 100 000 concernant les cas de cancers.

Seules vingt publications scientifiques sont en moyenne publiées chaque année dans le monde sur le sujet des guérisons extraordinaires (généralement pour recenser un cas particulier).

La plupart des guérisons extraordinaires se produisent à l’insu des médecins.

Au cœur du processus se trouve, dans certains cas, le patient et sa volonté, sa croyance en sa propre guérison, dans d’autres, le hasard, la foi ou le " miracle " qui arrive sans qu’on ne l’ait même cherché ! Le neurologue Antoine Moulonguet (alias Antoine Sénanque), l’explique dans Guérir quand c’est impossible (éd. Marabout) : " J’étais comme les autres, dans la peau d’un médecin contemplatif. Je donnais les traitements qu’il fallait, je faisais ce qu’on m’avait appris à faire, mais je voyais que les mouvements profonds, qui changeaient du tout au tout l’évolution des maladies, s’opéraient sans nous. " Ce neurologue, qui n’a quasiment que des patients qui ne guériront pas de leur pathologie, raconte comment son parcours face à ces " condamnés " – et face aux cas qui font exception – l’a poussé à " réconcilier science et croyance " pour se rapprocher d’une médecine qui " intègre la part spirituelle de l’être humain " dont la " négligence " actuelle " coûte cher au patient "

À l’ère de la médecine centrée sur un corps vu comme morcelé, à l’heure où certains envisagent la santé de demain par l’ajout de prothèses technologiques, ces guérisons pourraient révéler les clefs de processus profonds qui nous échappent.

De la guérison par la visualisation au rire, en passant par des thérapies alternatives ou des changements de vie radicaux, vous pourrez puiser l’espoir, voire un certain émerveillement.

 

Reconnecter corps et esprit :

Le XVIIIe siècle et ses Lumières, sa science et son athéisme ont progressivement ostracisé les pouvoirs de l’esprit ainsi que du spirituel sur le corps, les considérant comme des influences occultes, obscurantistes. Après plusieurs siècles à ce régime, de nombreuses médecines complémentaires et alternatives appellent à en finir avec cette scission du corps et de l’esprit et, en effet, nombre de guérisons extraordinaires utilisent à plein cette reconnexion.

Certaines guérisons, qui paraissent miraculeuses de prime abord, sont heureusement explicables, voire reproductibles. C’est le cas notamment pour certaines douleurs chroniques ou neuropathiques, fruits d’un cercle vicieux, d’un " piège du cerveau " qui reste dans " une logique figée ", comme l’a découvert le médecin psychiatre Michael Moskowitz, inventeur de la méthode Mirror et lui-même concerné par ce type de douleurs.

Sa méthode a permis de guérir de nombreux patients " incurables " en s’inspirant d’un des principes fondamentaux de la neuroplasticité. En effet, deux neurones qui s’activent ensemble se connectent ensemble. Par exemple, lorsque nous apprenons l’alphabet, nous associons le visuel de la lettre " a " avec le son " a ", et cette connexion se renforce à chaque répétition. En cas de douleur chronique, le patient associe un mouvement, une zone de son corps à la douleur et continue à avoir mal malgré la disparition du stimulus initial.

Michael Moskowitz propose donc à ses patients de " pirater " le signal douloureux lorsqu’il leur parvient en forçant le cerveau à accomplir une autre tâche que celle de traiter la douleur. En demandant aux patients d’en finir avec les attitudes passives qui consistent à avaler une pilule ou subir une injection en " vivant dans l’attente de la prochaine consultation ", ce praticien leur a permis de découvrir les formidables pouvoirs de leur esprit sur leur corps.

Dix années de douleurs sciatiques chroniques évanouies après un mois de rééducation neuronale

Jan Sandin, infirmière californienne quadragénaire, souffre continuellement et vit alitée depuis dix ans à ruminer des idées suicidaires. Cinq disques vertébraux du bas de son dos sont abîmés, l’une des vertèbres comprime une racine nerveuse et elle vit assommée de morphine. Le Dr Michael Moskowitz (inventeur de la méthode Mirror, lire ci-dessus) lui explique comment rééduquer son cerveau par des visualisations. "Tout au long de la journée, je visualisais les centres de la douleur en activité dans mon cerveau, puis je pensais à la région de mon dos d’où provenait la douleur, et je voyais celle-ci monter le long de ma colonne. Les deux premières semaines, j’avais quelques minutes de répit et je pensais “ ça ne va pas durer”. La quatrième semaine, les périodes où je n’avais plus mal duraient jusqu’à une demi-heure. " Jan a ensuite jeté tous ses médicaments, terrifiée à l’idée que la douleur puisse se réveiller, mais elle n’est jamais revenue.

Dans le même esprit, depuis quelques décennies, la psycho-neuro-immunologie (PNI) tente d’ouvrir les esprits aux relations entre nos systèmes nerveux, endocrinien et immunitaire. Considérant le malade comme un système dont on ne peut traiter les parties séparément, la PNI postule que notre système nerveux influence notre immunité et inversement, et qu’ainsi nous pouvons aider à soigner des maladies comme le cancer en influant sur les sentiments et émotions du malade. En effet, il est observable scientifiquement que des phénomènes comme le stress ou la dépression sont associés à des phénomènes physiques favorisant les maladies, comme certaines lésions de l’ADN.

À 43 ans, David Webber devient non voyant suite à une maladie auto-immune, l’uvéite, et a une vue de 1/40 (1/20 correspond à celle d’un non-voyant). Après plusieurs opérations et traitements, il perd son travail et retourne vivre chez ses parents. Déterminé à guérir, il rééduque, plusieurs heures par jour, son système nerveux en adaptant des méthodes existantes comme Feldenkrais ou des méthodes bouddhiques qui préconisent le palming (apposer ses mains sur ses yeux), la visualisation de la couleur bleu nuit, le fait de cligner souvent des yeux ou encore de leur faire prendre des " bains de soleil " paupières closes, dix à vingt minutes par jour. Treize ans plus tard, sa vision est de 5/10 pour l’œil gauche et 1/10 pour l’œil droit.

Phénomènes extraordinaires pour patients ordinaires :

Si certaines guérisons extraordinaires concernent des patients remarquablement persévérants, d’autres semblent frapper au hasard des patients qui ne l’ont pas particulièrement cherché. Mais finalement, est-ce rassurant ou angoissant que les guérisons " miracles " ne répondent parfois à aucune logique ?

À force de lire des témoignages de patients qui guérissent par la force de leur esprit ou semblent soudainement touchés par la grâce, certains malades peuvent culpabiliser et se dire : " Si je ne guéris pas, c’est de ma faute. Je manque de force, de volonté " voire, pour les croyants : " Je n’ai pas d’importance aux yeux de Dieu. " Pour le neurologue Antoine Sénanque, ces guérisons inexpliquées véhiculent, au contraire, quelque chose d’essentiel aux patients pour qui la médecine conventionnelle ne peut plus rien : l’espérance. C’est selon lui un " grand devoir " pour un médecin car une lacune d’espérance est un " facteur aggravant " de la maladie. Quant à la " banalité " qui ressort de nombre de ces témoignages de patients qui semblent avoir été " comme traversés par le miracle " sans l’avoir cherché, il la juge finalement rassurante, car elle laisse présager qu’il n’y a pas de facteur favorisant pour en bénéficier.

Le neurologue va même plus loin. Quand on lui demande si certaines guérisons sont absolument impossibles (par exemple en cas d’atteinte " purement physique ", comme une irradiation par source nucléaire), il répond : " Non, le miracle est par définition illimité. Si vous commencez à mettre une limite au miracle, il n’y a plus de miracle. À partir du moment où l’on croit en des choses qui dépassent la rationalité de la médecine, il faut considérer que ces guérisons peuvent toucher absolument toutes les maladies. "

Journaliste américain, Norman Cousins se voit diagnostiquer à 49 ans une spondylarthrite ankylosante, une forme d’arthrite qui provoque une rigidité progressive des vertèbres du dos. Son cas est déclaré incurable et il est voué à rester sur une chaise roulante pour le restant de ses jours. Décidé à profiter du peu de temps qu’il lui reste à vivre, Norman quitte l’hôpital, se met à regarder à longueur de journée des films comiques et réduit son traitement à de fortes doses de vitamine C. Dès qu’il rit au moins quinze minutes, il parvient à dormir deux heures sans douleurs. Doucement, ses symptômes commencent à disparaître et ses médecins le déclarent finalement guéri. Pionnier de la psycho-neuro-immunologie (lire "Reconnecter corps et esprit"), il expliquera dans La Biologie de l’espoir, le rôle du moral dans la guérison (éd. Seuil) comment l’optimisme, le moral et le rire peuvent " modifier le cours des maladies graves et favoriser la guérison de patients condamnés par les médecins ".

En France, il est difficile d’évoquer le phénomène en faisant l’impasse sur les célèbres miracles de Lourdes. Depuis 1858, dans la cité mariale, 7 500 dossiers de guérisons inexpliquées ont été déposés auprès du Bureau des constatations médicales (une instance unique au monde constituée de médecins) et 70 miracles ont été reconnus, soit un peu moins de 1 %. En 2013 pourtant, le sociologue Gérald Bronner s’est attelé à un savant calcul et a conclu que Lourdes n’est pas " une terre d’élection du miracle " puisque, statistiquement, il ne s’y en produit pas plus qu’ailleurs. Finalement rassurante, cette information laisse penser qu’il n’est pas forcément nécessaire de se déplacer dans un endroit spécifique ni de développer une foi ardente pour bénéficier d’une guérison spontanée.

 

Guérison durant les rêves :

Nous savons depuis plusieurs décennies que jusqu’à 60 % des patients atteints de la maladie de Parkinson ne tremblent pas pendant leurs rêves et sont même capables de mouvements complexes. Faut-il y voir une piste thérapeutique d’avenir pour soigner les maladies neurodégénératives ?

Valérie Cochen de Cock, neurologue et spécialiste des troubles du sommeil sous Parkinson au pôle sommeil de la clinique Beau Soleil à Montpellier, et Isabelle Arnulf, neurologue et cheffe du service des pathologies du sommeil à la Pitié-Salpêtrière à Paris, expliquent dans un article scientifique que 15 à 59 % des patients atteints de maladies neurodégénératives ont fréquemment des mouvements complexes, voire violents, durant la phase de sommeil paradoxal et ne semblent alors plus souffrir des troubles habituels liés à leur maladie (tremblements, troubles de la coordination, manque d’expressions faciales, mais aussi souplesse et capacités d’articulation).

Ces patients « donnent des coups, rient, crient ou combattent d’invisibles ennemis pendant leur sommeil paradoxal », la dernière des cinq phases du sommeil durant laquelle les rêves reviennent plus facilement à la mémoire, et qui se repère de l’extérieur par des mouvements rapides des yeux sous les paupières du dormeur. Ces mouvements, appelés « mouvements oniriques » peuvent même aller jusqu’à blesser le dormeur ou son conjoint. En effet, ces dormeurs font alors parfois preuve d’une « force inhabituelle ». En filmant en clinique ou en interrogeant les conjoints de ces dormeurs, les deux chercheuses observent que ces rêveurs présentent « étonnamment » une « franche amélioration de la qualité des mouvements et de la voix » pendant leurs rêves, « comme s’ils étaient guéris de leur maladie ».

Le mécanisme exact qui permet à ces patients de voir disparaître leur syndrome parkinsonien en phase de sommeil paradoxal reste à préciser, mais les scientifiques pensent que ce phénomène est probablement causé par des « lésions » touchant le noyau sous-cortical du cerveau (locus cœruleus) habituellement responsable de l’atonie chez les sujets sains dans cette phase du sommeil.

D’après leurs observations cliniques, Valérie Cochen de Cock et Isabelle Arnulf déclarent qu’on pourrait « émettre l’hypothèse [que] la boucle extrapyramidale de contrôle de la motricité pourrait être soit remise en état de marche normal, soit court-circuitée », la seconde hypothèse semblant être la plus probable.

Cette information étonnante pourrait ouvrir aux chercheurs une piste prometteuse dans la compréhension des troubles neurodégénératifs et leur traitement. Différents programmes de recherche sont en place pour mieux comprendre le phénomène. En attendant, ils constituent également un signal précoce important à prendre en compte.

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